L'instant bio #16

Bonne fête des pères !




Les soins paternels ont évolué des dizaines de fois dans la vie aquatique et sont plus courants que la parentalité maternelle ou combinée.

Le poisson clown utilise ses nageoires pour ventiler de l'eau sur une masse scintillante d'œufs dans le but de les garder aérés. L’arowana argenté ramasse ses œufs fécondés avec sa bouche et les tient doucement pendant deux mois, jusqu'à ce qu'une bande d'adultes miniatures nagent librement et sorte de ses mâchoires. Enfin le papa hippocampe dérive à travers le corail, sa poche ventrale gonflée de petits à naître. Ce père investi est très attentif à ses petits, fournissant aux embryons des nutriments et de l'oxygène grâce à une configuration similaire au placenta des mammifères.
La majorité des poissons sont des parents qui ne s’occupent pas de leurs progénitures. Ils éjectent leurs ovules et leur sperme dans l’eau, puis partent et laissent la nature suivre son cours. Mais certaines espèces de poissons prennent leurs devoirs parentaux plus au sérieux et lorsque c’est le cas, les parents attentionnés sont bien souvent des pères ! Les soins maternels, ou des deux parents à la fois, sont beaucoup moins courants. Les systèmes dans lesquels les papas sont les seuls gardiens, ont évolué des dizaines de fois chez les poissons.
Par contre, n’allez pas croire que ces poissons sont des papas poules. Leur style parental le plus courant consiste simplement à garder et surveiller les œufs après leur fécondation. Mais cela compte et ce n’est pas rien !
Les scientifiques ont montré que les soins par les pères ne sont pas un accident de l'évolution. Des centaines d'espèces de poissons ont des mères absentes et des pères attentionnés. Mais pourquoi?
Le modèle souvent observé fonctionne ainsi. Les espèces où les mâles jouent leur rôle de papa utilisent la fécondation externe - le sperme et l'ovule se rencontrant à l'air libre. Ces poissons se reproduisent par paires, et non par groupes. Cela a du sens, car lorsque la fécondation se produit dans un groupe ou à l'intérieur du corps d'une femme, un homme ne peut pas être sûr de sa paternité ! S'occuper de ces jeunes pourrait être un gaspillage de son énergie, du point de vue de l'évolution. Mais s'il féconde un nouveau lot d'œufs et monte ensuite la garde, il pense qu'il prend soin de poissons qui partagent ses gènes.
Le lien entre fécondation externe et papas chouchous est une hypothèse vieille de plusieurs décennies. Mais des recherches plus récentes ont montré que la fertilisation externe ne garantit pas que les papas poissons finissent par s'occuper de leurs propres petits. D'autres mâles peuvent glisser une partie de leur propre sperme sur les œufs sans s’occuper des petits.
Les chercheurs ont effectué des tests de paternité sur des bébés et ont découvert que seulement la moitié des jeunes dans un nid appartenaient au père qui les gardait.
Le lien entre les soins paternels et la fécondation externe est une hypothèse ancienne, peut-être un peu poussiéreuse. En effet selon cette théorie les pères prennent soin de leur petits pour préserver leur patrimoine génétique. Or on constate que bien souvent ils s’occupent aussi de petits dont ils ne sont pas les géniteurs. Il doit donc exister une autre explication à leur comportement.
Le puzzle des papas poissons fascine depuis longtemps les biologistes. Quand nous, les humains, pensons aux soins parentaux, nous pensons immédiatement aux mères maternant les nouveau-nés. Il est vrai que les femelles sont les principales dispensatrices de soins dans une grande partie du règne animal, des mammifères aux oiseaux en passant par les reptiles. Les poissons fournissent un contre-exemple intrigant. Ils illustrent que dans le règne animal, les soins des petits peuvent être aussi bien confiés au père ou à la mère. Il n'y a pas de règle évolutive selon laquelle les mères doivent être les principaux fournisseurs de soins.
C’est une leçon que nous pouvons appliquer à notre propre espèce pour ne pas oublier l’importance des papas.
A très bientôt,
Karolina
 

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